Difficultés liées à la réalisation des études

Dans cette partie il est expliqué en quoi mener des études dont les résultats et conclusions seraient scientifiquement incontestables et objectives est extrêmement compliqué à mettre en œuvre dans le cas du jeûne. Plutôt que de paraphraser de manière maladroite l’étude de l’INSERM, le parti pris de présenter un résumé des résultats de l’étude ci-dessous a été choisi. Une étude de ces résultats est disponible sous forme de schéma en bas de la page. Il en ressort que pour le jeûne, il parait extrêmement compliqué voire impossible de remplir certains critères pour que l’étude soit validée et qu’elle soit considérée comme menée dans les « règles de l’art ». Dans ce cas donc, il paraitrait raisonnable d’adoucir les critères de sélection des études dites « sérieuses » tout en soulignant certaines limites.

« Le faible nombre d’études et le design utilisé (il s’agit très rarement d’essai contrôlé randomisé) ne permettent pas de conclure sur l’efficacité du jeûne dans les indications étudiées.

Cependant, il faut relever que dans le cadre du jeûne, le design des études est un élément compliqué. Il est en effet difficile de satisfaire aux critères de qualité des essais cliniques.

– Premièrement, dans le cadre d’un essai proposant le jeûne, la randomisation, requise dans la méthodologie des essais cliniques, est un point assez compliqué à réaliser en pratique.[…] On comprend qu’une randomisation expose à des difficultés de recrutement puis de généralisation des résultats, si on se limite aux sujets volontaires pour entreprendre un jeûne. A l’inverse, on s’expose à une faible compliance dans le groupe jeûne si les sujets ne sont pas suffisamment motivés, ainsi que dans les groupes contrôle.

Au total, seuls 4 essais étaient contrôlés et randomisés, ces essais étaient de faibles effectifs et monocentriques, ce qui en pratique entraîne aussi un risque de surestimation des effets traitement.

– Deuxièmement, les études ne peuvent se réaliser en aveugle, les patients savent forcément quel régime ils suivent. L’absence d’aveugle est associée à un risque de renforcement des effets non spécifiques de type placebo/nocebo, liés en partie aux croyances des patients (ce d’autant plus qu’il s’agit d’un domaine où les croyances des patients peuvent être très fortes, les patients volontaires pouvant par exemple être intimement convaincus de l’efficacité du jeûne).[…]

A ces limites on peut opposer le fait que les résultats des essais randomisés seraient peu extrapolables : on s’exposerait à un taux d’abandon très élevé […] et la population volontaire pour participer serait peu représentative de la population générale des malades. Les essais non randomisés en ouvert seraient ainsi plus pragmatiques et reflèteraient la pratique courante dans le cadre d’un jeûne thérapeutique : le patient est volontaire et choisit de jeûner, et ce choix se réalise dans un contexte de croyances personnelles.

Enfin, au-delà du design des études, d’autres éléments limitent l’interprétation des résultats : absence d’analyse statistique intergroupe, suivi longitudinal insuffisant, critères de jugement multiples, hétérogénéité des interventions (jeûne partiel de différents types, suivis ou non de régimes végétariens ou individualisés, associés ou non à des purges, associés ou non à des co-interventions de différents types –massage, relaxation, cours de nutrition…). Les modalités de prise en charge étant souvent multiples, l’effet propre du jeûne est rarement identifiable. Cela a cependant l’avantage de refléter la pratique courante où les approches multimodales sont le plus souvent la norme. Néanmoins, ces approches diffèrent le plus souvent d’un centre à l’autre, ce qui rend délicat l’agrégation des résultats. »

Schéma explicatif des difficultés liées à la réalisation des études :

Sans titre-4

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